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Pile de paires de jeans bleus
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Question ouverte

Et si la mode passait à l’économie circulaire ?

3 min

Description

Pour relever le défi de la transition écologique, l’industrie de la mode doit entamer de profonds changements. L’économie circulaire présente de nombreuses solutions.

Components

L’industrie textile est la deuxième industrie la plus polluante. Voilà ce que rappelle le dernier rapport de l’Institut national de l’économie circulaire, publié en septembre 2018. Sous l’impulsion de la fast fashion – et du rythme effréné de renouvellement des collections –, la production textile a doublé depuis les années 1990, tandis que la durée d’usage des vêtements est de plus en plus courte. Problème : pour augmenter les quantités de production à moindre prix, les industriels ont misé sur des modes de fabrication et de distribution nocifs pour l’environnement.
Au premier rang des externalités négatives : le recours massif aux ressources, à commencer par l’eau, utilisée pour la culture du coton et les processus de teinture. Ainsi, la production d’un seul jean nécessite entre 7 000 et 11 000 litres d’eau, soit l’équivalent de 285 douches.

L’industrie textile est également très dépendante des énergies fossiles, puisque les fibres synthétiques ‒ comme le polyester ‒ sont fabriquées avec du pétrole. Ces fibres sont également polluantes, libérant à chaque lavage des particules toxiques qui passent dans nos eaux usées et terminent souvent leur parcours dans l’océan.
Enfin, leur composition souvent complexe (elles sont mélangées à d’autres matières) gêne également le bon recyclage des vêtements. Ainsi dans l’Union européenne, 80 % des vêtements jetés ne sont pas recyclés. En ajoutant à cela les émissions de CO2 (1,2 milliard de tonnes chaque année) dues au transport des vêtements lors de leur production et de leur distribution, la facture environnementale de l’industrie de la mode ne cesse de s’alourdir.
Pour relever le défi de la transition écologique, l’industrie textile doit donc intégrer dans son fonctionnement de nouveaux processus vertueux. Pour y parvenir, elle peut notamment s’inspirer de l’économie circulaire.
 

Les solutions d’économie circulaire

En amont, se tourner vers l’écoconception. Dès l’étape de production des vêtements, les industriels peuvent favoriser des modèles de conception écologiques et un approvisionnement en matières plus durables.
Le choix des tissus est par exemple primordial : le coton étant la deuxième matière la plus utilisée après le polyester, mieux vaut privilégier l’usage d’un coton biologique et de fibres naturelles moins chargées en fertilisants chimiques et pesticides.
L’étape de découpe des habits peut également être largement améliorée. Actuellement, elle génère entre 20 et 30 % de chutes. Il appartient donc aux designers de repenser en amont la production, de manière à optimiser l’utilisation des tissus. Ultime objectif : créer des patrons zéro déchet !

En aval, prolonger la durée de vie des vêtements. Parler mode, c’est aussi tenir compte du fait que les consommateurs se lassent rapidement de leurs vêtements et s’approvisionnent au rythme effréné des nouvelles collections. Chiffre parlant : la durée de vie moyenne d’un vêtement porté dans un pays de l’Union européenne est de 3,3 ans. Des dizaines d’habits non portés et pourtant en très bon état dorment ainsi dans nos placards ! Pour favoriser leur réutilisation, de nouveaux services de partage et de location de vêtements commencent à émerger. Certaines marques se mettent également à proposer des services de réparation pour encourager les clients à conserver leurs vêtements plus longtemps.
 

Qui peut agir ?

Pour favoriser ces changements, tous les acteurs de la chaîne de production-distribution-consommation ont un rôle à jouer. Les marques, les gouvernements et les consommateurs. Cette collaboration est l’une des clés de réussite de la transformation de l’industrie textile vers un modèle plus circulaire.
 

Les marques

Le passage vers une mode circulaire ne se fera pas sans les marques. Celles-ci ont les capacités de s’engager pour limiter les impacts environnementaux de leurs activités. Pour cela, elles disposent d’un véritable pouvoir de prescription auprès des consommateurs : grâce à l’image qu’elles véhiculent, le recyclé et le vêtement d’occasion peuvent devenir tendance ! Si les grands groupes peuvent soutenir la Recherche & Développement dans la filière du recyclage textile, les petites marques peuvent de leur côté sensibiliser les consommateurs.
 

Les gouvernements

Les pouvoirs publics disposent de nombreux outils législatifs et réglementaires pour inciter les entreprises textiles à développer des filières d’écoconception, de collecte et de recyclage de leurs produits.
En France par exemple, la Feuille de route pour l’économie circulaire prévoit la mise en place, dès 2019, d’un plan d’action de lutte contre le gaspillage vestimentaire des invendus.
Le système de responsabilité élargie du producteur rend par ailleurs les entreprises responsables de la fin de vie des produits qu’elles mettent sur le marché. Ainsi, depuis 2008, les marques qui vendent des vêtements sur le marché français doivent mettre en place un système de collecte et de recyclage, ou bien payer une contribution à l’organisme Eco TLC qui s’en charge pour elles.
 

Les consommateurs

Enfin, pour que l’industrie de la mode devienne parfaitement circulaire, rien n’est possible sans l’action des consommateurs placés au bout de la chaîne de valeur. Charge à eux d’adopter une consommation de vêtements plus responsable. Ils peuvent ainsi se tourner vers des marques plus éthiques pour faire leurs achats et exiger davantage de transparence quant à la conception et à la composition des pièces. Enfin, ils peuvent prolonger l’usage de leurs vêtements ou bien leur donner une seconde vie en ayant recours au don, à l’échange ou à la revente.

En chiffres :
80 % des vêtements jetés dans l’Union européenne ne sont pas recyclés.
1,2 milliard de tonnes de CO2 sont émises chaque année, dues au transport et à la distribution des textiles.
La découpe des vêtements génère entre 20 et 30 % de chutes de tissus.
La durée de vie moyenne d’un vêtement porté dans un pays de l’Union européenne est de 3,3 ans.
La production d’un jean nécessite entre 7 000 et 11 000 litres d’eau, soit l’équivalent de 285 douches.